Au gré de mes différentes missions et nombreuses lectures, ou plus simplement en observant comme vous tous l’évolution de mon environnement, je me suis forgé quelques opinions sur les principales évolutions probables dans l’IT pour les années à venir.
Ce début d’année 2012, que je vous souhaite riches de promesses sur les plans professionnels et privés, me semble être le bon moment pour vous les partager.
Faut-il le dire, l’heure est aux économies. Et les évolutions attendues seront tirées non seulement par l’évolution technologique elle-même mais aussi, de manière prépondérante en ces temps difficiles, par la maximisation du ROI. C’est du moins ce que les CEOS seront en droit d’attendre des CIOs.
1. Le succès des solutions open source ne va pas se démentir, bien au contraire. La prise de conscience continue sur leur potentiel en matère de réduction des risques (réduction du vendor lock-in), de maîtrise des investissements (effet sur le CAPEX) et de plus grande flexibilité (effet sur l’OPEX).
2. Le mobile computing est devenu incontournable. Sa forte progression en témoigne.
Les conséquences sont multiples. Il va en effet falloir :
– développer des applications mobiles en particulier pour les tablets pc et les smartphones ;
– repenser les interfaces utilisateurs en conséquence ;
– revisiter les moyens offerts pour supporter la bureautique, tant du point de vue du hardware que du software – le succès des applications collaboratives de toutes sortes en mode SAAS sont là pour le prouver
Le développement du mobile computing, et au delà de la consumérisation de l’IT, n’ira pas sans poser des problèmes de sécurité (ainsi par exemple le mode déconnecté, corollaire souvent obligé du mobile computing, pourra être à l’origine de pertes de données sensibles).
3. Les phénomène du SAAS et du cloud computing sont tout aussi irrévocables. Utilisés conjointement ils permettront de :
– réduire les coûts;
– réduire les times-to-marcket;
– faciliter le travail collaboratif dans un cadre toujours plus orienté mobile computing;
– contribuer à rencontrer les préoccupations du green computing.
En particulier, un effort de réduction des coûts liés à l’infrastructure dans le secteur plublic ne pourra être insensible aux promesses d’économie d’un cloud privé à la Sécurité Sociale.
4. Les phénomènes open data et dans la foulée big data vont doper l’éco-système No-SQL.
5. Le elearning est appelé à se développer.
Sur des formations standards il permettra de rationaliser les efforts (éviter des déplacements, garantir la constance des cours), et de mieux coller au besoin (la formation est disponible dans le temps au plus près du besoin).
Il offrira par ailleurs une gestion plus facile du dossier RH sur l’aspect formation (si l’intégration nécessaire entre les deux packages est réalisée).
6. Sauf dans les très grands comptes, le mainframe va disparaître. C’est moins sûr, ou en tous les cas plus difficile à réaliser pour le langage Cobol.
Le coût de possession du mainframe, en regard notamment des possibilités offertes par les environnements ouverts et virtualisés, conduit à son abandon progressif.
Mais pour autant le Cobol n’est pas mort. Pour une raison simple : certains efforts de migration sont tels qu’il faudra arbitrer entre consacrer ses moyens (réduits de par la crise) à des efforts de migration … ou relever les nouveaux défis évoqués ici.
L’arbitrage devra s’appuyer sur la gestion des risques (et notamment la gestion de la dette technique dans ses différentes dimensions).
Si la décision est prise d’abandonner le Cobol il conviendra de saisir ce momentum comme une opportunité unique de :
– réduire la dette technique (couper les branches mortes, refactoriser, augmenter la flexibilité, …) ;
– redocumenter ;
– transférer la connaissance fonctionnelle vers la nouvelle génération ;
– introduire les moyens d’une plus grande flexibilité des applications.
7. La contextualisation des applications va se développer.
Les applications seront de plus en plus capables de s'”adapter” à l’utilisateur (pattern context aware). Entendez par là que la notion de profil utilisateur devrait être de plus en plus présente. Ceci ne sera pas sans conséquences sur les dispositifs de gestion des droits. Elles seront aussi capable de s’adapter au terminal utilisé.
8. Poussée par des objectifs de réduction des coûts la virtualisation du poste client va se développer.
9. Le service IT sera de plus en plus confronté à deux paradoxes cornéliens.
a. L’opposition est de plus en plus forte entre les besoins des services métiers et les obligations au niveau entreprise :
– les métiers souhaitent de plus en plus un service sur mesure, au gré des évolutions de leur marché et de l’imagination de leur service marketing ;
– les utilisateurs (l’individualisme de nos sociétés consuméristes aidant) veulent pouvoir choisir le device de leur choix, voire même disposer de plusieurs devices (ils choisissent selon selon les cirscontances [au bureau, en clientèle])
mais, dans le même temps :
– les contraintes de coûts, de délais et de qualité demandent de standardiser (la crise est passée par là et la fin n’en est pas proche)
b. L’agilité demande standardisation et industrialisation. Mais celles-ci nuisent à la perception de la flexibilité par les utilisateurs.
Ou comment satisfaire à la fois la souplesse exigée par les métiers et la rigueur budgétaire exigée par le directeur financier.
Fort heureusement quelques bons principes peuvent, on peut l’espérer, nous aider :
– rationaliser les interfaces utilisateurs en capitalisant sur le HTML5 ;
– respecter les principes fondamentaux des architectures orientées services ;
– exploiter lentement mais sûrement les bénéfices du cloud computing, avec un mix cloud public (activités non core business) / cloud privé (activités core business).
Par ailleurs les utilisateurs, soumis au phénomène du SAAS comme élément de réduction des coûts, devront apprendre à savoir raison garder.
10. Les acteurs métiers seront de plus en plus enclins à effectuer leur shopping par eux-mêmes, le mode SAAS aidant au phénomène sur les activités non spécifiques à l’entreprise.
11. En conséquence, pour rester crédible vis-à-vis des acteurs métiers, le service IT devra renforcer ses capacités en matière de conseil :
– pour le choix de solutions SAAS ;
– pour l’intégration de solutions SAAS, entre elles, et avec le patrimoine applicatif existant.
Le service IT devra donc développer ses capacités de gestionnaire et d’intégrateur et non plus seulement se comporter en producteur (croissance de l’asset management et décroissance du développement pur).
12. Sous la pression de réductions budgétaires obligées, le service IT devra renforcer ses capacités en matière de challenging et de contrôle de ses prestataires externes. Les impératifs de qualité l’exigeront tout autant (le phénomène du off-shoring l’a suffisamment démontré).
13. Les points 11 et 12 vont demander de renforcer les compétences transverses, sur le plan technique certes, mais aussi sur :
– le plan du testing, activité encore trop souvent “artisanale” dans nombre d’organisations ;
– l’asset management et l’assurance qualité, quelquefois, sinon même, inexistants.
14. Les points 11 et 12 renforceront encore, si besoin est, l’intérêt pour une cellule “Architecture technique”.
Le besoin pour une cellule Architecture métier ira grandissant. Et d’ailleurs réussir le SOA l’exige.
Bien entendu, seules les organisations avec une taille suffisante pourront penser à ces mesures.
15. La gestion des risques va progressivement prendre toute l’importance qu’elle mérite.
Elle contribuera en particulier à faire prendre conscience des dangers grandissants de la dette technique.
16. Et enfin, last but not least, l’analyse métier va retrouver l’importance qu’elle mérite. Les contraintes de réduction des coûts imposeront de correctement identifier et challenger les business cases.
Scrum peut-être … mais sur de bons business cases, autrement dit avec un ROI argumenté de manière objective.
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